Halloween confinée, Halloween martyrisée,
Halloween outragée mais Halloween libérée !
EspĂ©rons que nous pourrons dire ça en 2021. Elle, qu’on se le dise, sera l’annĂ©e de la libĂ©ration. De Gaulle, on peut lui faire bien des reproches mais il avait le sens de la formule !
Halloween s’inspire bien de la fĂȘte celte de la Samain. Les celtes gaulois et irlandais organisent l’annĂ©e Ă  travers ces Ă©vĂšnements sociaux liĂ©s Ă  la religion et aux Ă©lites de ces sociĂ©tĂ©s. Par exemple, Beltaine, la fĂȘte du feu, est celle des druides, en charge des cĂ©lĂ©brations des divinitĂ©s alors que la Lugnasad est la fĂȘte du Roi, garant de l’abondance et de la prospĂ©ritĂ©.
La fĂȘte de la Samain est une fĂȘte sociale par essence oĂč se rĂ©unit toute la sociĂ©tĂ© dans des beuveries et des banquets. Jusque-lĂ , on a plutĂŽt affaire Ă  une fĂȘte de la BiĂšre, façon celte.Consultation-Druide

Mais Samain, le 1 er novembre dans notre calendrier, est un jour hors du temps, entre une annĂ©e qui se termine et une autre qui dĂ©bute, entre la fin de l’étĂ© et le commencement de l’hiver. Ce jour Ă©tait, pour les celtes, le temps des revenants, les Ăąmes des disparus rendant visite Ă  leur famille. C’est le moment plus globalement des relations entre les hommes et les Dieux de l’Autre Monde. Alors, bien sĂ»r, il existe un paradis dans l’imaginaire celte, le Sid que les mortels ne peuvent pĂ©nĂ©trer qu’au jour de la Samain.

L’Autre Monde Ă©chappe aux normes du temps, tout humain y passant quelques heures meurt de vieillesse en rentrant dans le monde des hommes. L’Autre Monde est appelĂ© le Sid, la Paix ou la Plaine des Plaisirs car on y est jeune Ă©ternellement, sans souffrance. Les rares mortels, pouvant y vivre, sont des hĂ©ros amenĂ©s, en rĂ©compense de leurs mĂ©rites, par des divinitĂ©s splendides, les messagĂšres du monde des morts, les Banshee.
Mais cela n’empĂȘche pas la malfaisance des mauvais esprits Ă  Samain contre lesquels on allumait de grands feux de joie oĂč les fĂȘtards se dĂ©guisaient afin que les fantĂŽmes ne les reconnaissent pas, ni ne les pourchassent.
Ainsi, Halloween est associĂ© au monde du surnaturel, du morbide. Cet univers a eu de salvatrices traductions dans le monde des arts avec, rĂ©cemment, les films d’horreur dans le cinĂ©ma mais aussi le roman gothique dans la littĂ©rature anglaise Ă  partir de la fin du XVIIIĂšme siĂšcle.

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En 1764, Horace Walpole publie le roman le plus emblĂ©matique de ce genre littĂ©raire, The Castle of Otranto. Le ressort de l’intrigue est le suspense associĂ© Ă  la terreur, elle-mĂȘme suscitĂ©e par les superstitions et l’architecture mĂ©diĂ©vale. Imagine, cher auditeur, un chĂąteau fatal aux souterrains obscurs oĂč se perd une jeune femme confrontĂ©e Ă  mille pĂ©rils. Et tu as le cƓur de l’intrigue de la plupart des romans gothiques.

L’évocation terrifiante du Moyen-Age, avec ses coutumes bien sur barbares, et les fantasmes liĂ©s Ă  la nuit nourrissent le rĂ©cit. Le lecteur est plongĂ© dans une constante ambiance de terreur Ă  travers cette image du chĂąteau gothique, puissant, lugubre et impĂ©nĂ©trable. Dans ses couloirs sombres errent, dans un silence de tombeau, des bandits armĂ©s ou des spectres sanglants.