JEP2021

capture d’écran de https://journeesdupatrimoine.culture.gouv.fr/

 

Big Banguienne, Big Banguien,
Cher lecteur, mon seul bien,                                                                                                              

La culture, soyez-en sûr, pour être, a bien besoin de l’héritage de nos ancêtres !

Le grand Bouddha disait : « Rien n’est permanent. Toute chose corporelle a sa fin. Le corps est transitoire. Il n’y a rien de permanent. Tout est temporaire ».

 

Cette phrase est la sagesse même mais elle entre en contradiction avec l’Occident et sa vision d’un patrimoine à sacraliser. Une nation et/ou l’humanité, aujourd’hui, considère que des biens, témoins de moments fondamentaux de leur histoire, doivent être préservés des aléas du temps pour être transmis aux « générations futures ». Cette conception naît au crépuscule du XVIIIème siècle avec la Révolution Française et les Etats-Nations. Et oui, autrefois, on ne laissait pas les vieilles pierres telles quelles, on les réutilisait pour bâtir pour les vivants.

 

La Révolution Française : vers l’exception du patrimoine français

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Photo by Pierre Herman on Unsplash

 

Ensuite, la Révolution Française et son idéal de faire table rase du passé ont conduit aux actes de vandalisme contre les monuments témoins de l’Ancien Régime et du catholicisme. Vandalisme, l’abbé Grégoire crée « le mot pour tuer la chose » car « détruire les statues, ce n’est pas (…) détruire le despotisme : c’est détruire des monuments élevés par les arts et qui font honneur aux arts ».
 
De ces destructions traumatiques, naissent les premières mesures de protection des monuments historiques et tout le XIXème siècle ne fera que confirmer cette tendance, la société présente se nourrit d’un passé, d’une mémoire collective représentée par les monuments qu’elle choisit. Incarnation de cette tendance, Victor Hugo, dans « Guerre aux démolisseurs », fait une ode à la protection des vestiges de notre histoire. Il parle du monument : « Son usage appartient au propriétaire, sa beauté à tout le monde, à vous, à moi, à nous tous. Donc, le détruire, c’est dépasser son droit ». Déjà, le droit romain, source du notre, instaure la première idée du patrimoine avec la notion « res comunis désignant les biens qui, ne pouvant être détenus par personne, appartiennent à tout le monde. L’Etat, garant de l’intérêt commun, peut alors attenter aux droits de la propriété pour préserver les biens, que la Nation intègre dans sa mémoire collective.  

 

 

Le patrimoine français : une identité occidentale et politique

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Photo by Coralie Meurice on Unsplash – Warfusée, saint georges sur meuse, belgique

 

Le patrimoine est politique car il est la base de l’identité nationale et de l’instruction civique des citoyens. Le XIXème siècle est celui des révolutions en Europe, les fragiles unités nationales sont consolidées par ces monuments de plus en plus protégés. Le patrimoine est donc une idée européenne. Sa mobilisation à l’échelle internationale avec l’UNESCO dès les années 60 est symptomatique d’une occidentalisation du monde déjà à l’œuvre à partir du XIXème siècle mais s’accélérant au sortir du second conflit mondial.

 

Dans l’élan de construction du patrimoine, la France a, on l’a vu, été à l’avant-garde en Europe avec cette Révolution qui fait encore tant parler d’elle, ses intellectuels au romantisme nostalgique et ses divisions sociales à guérir. 

 

La France représente également une tendance particulière dans les politiques de protection du patrimoine, une gestion largement par l’Etat et très centralisée du fait du honni jacobinisme. Notre pays s’est, depuis, ouvert aux options anglo-saxonnes, déléguant la gestion des monuments aux fondations à but non lucratif et autres établissements indépendants. Un constat d’ensemble pour le patrimoine français s’impose, une volonté de plus en plus large de protection et des moyens financiers limités. Trois solutions, limiter la première, élargir les seconds ou le lent délabrement des églises. Au vue d’un État marqué par l’indécision, l’issue donnée à ce problème ne fait guère de doute.

 

Alors, gardons-nous des grandiloquentes reconstructions et autres lotos du prince, et intéressons-nous à cette modeste chapelle devant laquelle nous passons tous les jours et qui ne pourra compter de secours que le nôtre.        

 

Prends bien soin de toi, mon ami, et je te dis à très vite !