Le mois sans tabac, un mythe ? Du psychisme à la philosophie
Posté le 24 novembre 2021 dans articles tableau de bord par Vincent.
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Big Banguienne, Big Banguien ! Cher lecteur, mon seul bien.
Nous parlons en ce jour d’addiction, d’une passionnelle pulsion pour des millions d’entre nous : le tabac. Car, cher lecteur, oui, ton humble chroniqueur en est, de ces fumeurs honnis, livrés à une sourde vindicte. Et cela est tout le sujet de ce risible mois sans tabac.
Pourquoi risible ? D’une part, le mois sans tabac est un mythe, une authentique fake news car, ne nous le cachons pas, durant ces trente jours, j’ai modestement contribué aux millions de mégots qui jonchent et vont joncher nos poubelles et autres cendriers. Et d’autre part, qu’est-ce que ce mois sans tabac ? Les onze autres composants notre belle année 2021 ne seraient donc pas prétextes à assistance pour nous autres pauvres fumeurs ?
Cigarettes et psychisme : désir et existentialisme
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Mais, laissons là ces réflexions critiques sur les projets de nos administrations et commençons notre sujet. Qu’est-ce donc que fumer ? Et pourquoi est-ce qu’arrêter ce doux poison est-il un tel sujet de souffrance ? Dès que les mots addiction et pulsion viennent dans une conversation, on ne peut être sûrs que d’une chose, Freud n’est pas loin.
Alors, parlons-en ! Et, comme la référence du premier des psychanalystes est la sexualité, il différencie l’excitation de la pulsion. Ainsi, alors que l’excitation « agit comme un impact unique » et « peut alors être supprimée aussi par une unique action appropriée », « la pulsion (…) n’agit jamais comme une force d’impact momentanée mais toujours comme une force constante ». Tout fumeur a pu expérimenter cela, chaque journée est ponctuée de rites addictifs et il ne pense d’ailleurs qu’à ces moments de libération. Mais, alors pourquoi une telle emprise ?
Car, la cigarette « n’attaque pas de l’extérieur mais de l’intérieur du corps, il n’y a pas de fuite qui puisse servir contre elle ». Le besoin du fumeur ne sera donc jamais satisfait. Là, nous en venons à la seule réponse efficace à une addiction, la psychologie, une modification libératrice « de la source interne d’excitation ».
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Le fumeur se doit donc d’amender son psychisme, cette addiction révèle un manque. Mais, cette souffrance ne serait-elle pas universelle ? L’existentialisme de Sartre, à mon sens, est d’une entière pertinence : « Un être qui est ce qu’il est (…), n’appelle rien à soi pour se compléter ».
Ainsi, dans la lignée du philosophe, on peut dire que le fumeur est une image de l’humanité toute entière car tout « désir est manque d’être, il est hanté (…) par l’être dont il est désir. Ainsi, témoigne t-il de l’existence du manque dans l’être de la réalité humaine ».
Le fumeur est donc simplement humain, son désir est ancré dans notre nature, incomplète. Nous pourrions donc nous en tenir à cet amer constat et continuer à combattre les pires de nos pulsions tels des Don Quichotte face à des moulins à vent.
Cigarettes et philosophie : exister pour être heureux
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Mais… tout tunnel a sa sortie, et le combat du fumeur deviendra celui de tous ses comparses, exister pour être heureux ! Voilà, toute la morale du philosophe grec Epicure. Deux constats s’en suivent :
– 1/ Premièrement, le bien est facile à trouver car « la bienheureuse nature (…) a fait que les choses nécessaires » soient « faciles à se procurer tandis que les choses difficiles à obtenir ne sont pas nécessaires ». Le plaisir est donc différent des besoins, il n’est certes pas à proscrire mais à éviter s’il engendre la souffrance.
– 2/ Alors, voilà, cher lecteur fumeur, comment sortir du cercle où nous sommes enfermés : fuir les nuisances en assouvissant d’authentiques plaisirs. Mais, et l’absence de nicotine ? C’est le second précepte épicurien, « le mal est facile à endurer avec courage ».
Alors, du vieux sage antique, suivons l’adage ! Dans la pente fatale, armons-nous de courage ! En attendant, que tu subventionnes ou non Philip Morris… prends bien soin de toi, mon ami, et je te dis à très vite !