Yellow Hand Drawn Watercolor Thanksgiving Greeting Card

 

Big Banguienne, Big Banguien ! Cher lecteur, mon seul bien !
 
Nous parlons en ce jour sanctifié d’un des événements fondateurs des Etats-Unis, Thanksgiving. Au-delà du folklore, de la surconsommation et des manipulations historiques, il est le révélateur de l’esprit américain, celui qui défend, bec et ongle, la destinée manifeste du pays. Et cette conviction a une origine, le puritanisme, religion et motivation des pères pèlerins débarqués, à l’automne 1620, du Mayflower de l’Angleterre persécutrice à l’Amérique libératrice.

 

Origines du puritanisme aux Etats-Unis

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Photo by Jacob Morrison on Unsplash

 

Pour bien comprendre leur départ et leurs espoirs, il nous faut plonger dans l’Angleterre des XVIème et XVIIème siècles. Acquis au protestantisme, Henri VIII en fait, en 1537, la religion d’Etat sous une forme nationale, l’Eglise anglicane. Comme dans tous les cas où religion et politique sont mêlés, il s’en suit des persécutions contre la minorité catholique et les dissidences protestantes. L’une d’elles, les puritains, conteste notamment les hiérarchies et les fastes ecclésiastiques.

 

On le sait bien en France, une guerre civile ne peut durer… Alors, au fil du XVIIème siècle, un compromis apparaît, la diversité religieuse est permise, à condition que les minorités s’intègrent à l’Eglise anglicane et que leurs fidèles prêtent serment aux évêques. Car, comme le disait laconiquement, le roi Jacques Ier, « No bishop, no King » ! Et oui, dans une monarchie où la légitimité royale tient à son supposé pouvoir religieux, contester les évêques anglicans, c’est remettre en cause l’autorité temporelle du roi lui-même.
 
Alors, si une majorité des puritains acceptent le compromis, une faible minorité, concentrée dans le Yorkshire au Nord Est de l’Angleterre, refusent mordicus. Impossible pour eux de rester au pays, nos puritains rebelles migrent, alors, vers la grande puissance protestante du continent, les Provinces Unies libérées de l’emprise ibérique catholique. Mais… ces campagnards s’habituent mal à ce pays urbain. Et puis, que diable, ils sont anglais ! Comment imaginer leur progéniture parlant hollandais ?! Une solution apparaît alors à eux, il leur faut trouver une terre anglais mais loin de la hantise anglicane. Les puritains sont des voyageurs dans l’âme, vers l’au-delà bien sûr mais aussi pour accomplir, sur Terre, le paradis du Seigneur.

 

Le Mayflower, l’arrivée du Puritanisme et les Wampanoags

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Photo by Ron Dauphin on Unsplash

 

Ils franchissent, donc, l’Atlantique sur le Mayflower et arrivent sur les côtes du Massachussets. Elles ont été, en cette fin du mois de novembre 1620, ravagé par une épidémie. Pour les puritains, cette terre vierge est un signe de la Providence. Dieu a libéré cette terre de ces « sauvages » pour qu’ils y fondent son royaume. La réalité est moins romantique, le futur Massachussets est traversé depuis 70 ans par les européens qui y ont propagé des maladies, inconnues des systèmes immunitaires locaux. 80% des Amérindiens de la côte périront…
 
Mais ces « sauvages » seront bien utiles aux pèlerins du Mayflower. L’hiver 1620-1621 est extrêmement rude… Et si 50 puritains survivent sur les 102 arrivés au départ, c’est largement grâce à l’aide des Wampanoags. Cette tribu ne les soutient pas de manière complètement désintéressée. Il y a certes le devoir moral pour eux d’apporter leur aide à des hommes, des femmes et des enfants venus de loin et affamés dans un monde dont ils ignorent tout. Il y a aussi un besoin dans une région en guerre de faire de ces gens en détresse des alliés redevables.
 
Les Wampanoags apprennent aux puritains à cultiver le maïs, à chasser… bref à survivre dans une nature hostile aux européens. Ceux-ci, désespérés, acceptent leur aide et survivent, ainsi, jusqu’au printemps. Les moissons de l’été sont abondantes, suffisamment pour subvenir à leurs besoins, et le surplus sera utilisé pour rendre grâce au Seigneur d’avoir permis leur survie par l’entremise des Wampanoags. Oui, c’est bien le repas de Thanksgiving et, contrairement au mythe national, les pèlerins n’ont pas invité les indiens. Ceux-ci se sont invités eux-mêmes et les puritains, trop faibles encore, ont accepté de partager le repas.

 

Le puritanisme : reflet des Etats-Unis actuels

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Photo by Caleb Woods on Unsplash

 

Alors, l’heure est venue de conclure. En quoi le puritanisme explique t-il les Etats-Unis actuels ? Premièrement, ce structurant mythe de la destinée manifeste des pèlerins puritains et du peuple américain. Dieu leur a donné une terre à conquérir et exploiter pour sa gloire alors tous les moyens sont bons pour éliminer les obstacles. Que se soient les indiens, des « sauvages » à peine civilisables. Les récits des pères pèlerins Bradford et Winslow en témoignent, les pèlerins du Mayflower n’ont jamais fait confiance aux Wampanoags. Dès qu’ils ont pu se nourrir eux-mêmes, ces protestants exaltés ont montré aux indiens qu’ils n’étaient pas chrétiens par la méthode expéditive, le fusil ! Autre obstacle, les affres mortels de la guerre civile. Abraham Lincoln, alors, en 1863, se réfère à Thanksgiving pour implorer, en ces temps aussi périlleux, la grâce du Seigneur.
 
Deuxièmement et paradoxalement, les pèlerins du Mayflower témoignent de l’esprit indépendant et démocratique des futurs américains. Comme bien des colonies britanniques, ils élisent leur gouverneur, Bradford, et fixent, eux-mêmes, les lois de leur nouvelle société. Cette démocratie originelle fera, 140 ans plus tard, l’indépendance du pays et les traditions communautaires, d’autogestion des quartiers encore vivace Outre-Atlantique.
 
Ah, cher lecteur, quel plaisir de pouvoir échanger avec vous sur ce pays ! Mais, Thanksgiving , c’est comme les Etats-Unis, le symbole du pire et du meilleur. Prends bien soin de toi, mon ami et je te dis, à très vite !