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Photo by Christian Wiediger on Unsplash

 

Big Banguienne, Big Banguien,

Cher lecteur, mon seul bien…

 

Ce dimanche, se déroulent les élections législatives allemandes post Angela Merkel. La chancelière, il se faut l’avouer, incarnait une certaine image de l’Allemagne à l’étranger, celle de la stabilité, de la gestion sérieuse, du strict respect de la rigueur budgétaire tout comme celui des intérêts nationaux. Le règlement violent de la crise grecque puis l’accueil généreux des migrants l’ont montré, la morale des dirigeants allemands dépend largement de leur raisonnement logique quant à leurs intérêts. Les allemands rigoureux n’ont pas à payer pour des grecs dilettantes et puis, des entreprises allemandes peuvent profiter des privatisations imposées à ce peuple mis au régime sec. Les migrants, quant à eux, permettront de fournir à une économie vieillissante et au faible taux de chômage une main d’œuvre jeune et bon marché.

 

L’Allemagne, un pays stricte et rigide à l’image du philosophe Emmanuel Kant

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Photo by Ansgar Scheffold on Unsplash

 

Ainsi, dès que nous pensons à l’Allemagne et à ses habitants, nos premiers préjugés nous font voir une image d’Epinal, la rigueur quasi-mécanique de cet ouvrier d’une usine Porsche. Plongé au milieu d’une pure blancheur, ce consciencieux horloger assemble portes et pistons avec la régularité d’une montre suisse.
 
Et bien entendu ce caractère attribué à nos voisins teutons a des origines très profondes. Et dans le pays de la philosophie, un homme incarne à l’extrême cette rigueur dans la vie de tous les jours, Emmanuel Kant et sa vie de célibataire parfaitement réglée, en permanence dans sa ville natale de Koenigsberg en Prusse Orientale.

 

Philosophe du XVIIIème siècle, il est un homme des Lumières, un débiteur de Rousseau duquel il acquiert la conscience que tout être humain est doté naturellement de raison et que cette capacité est transcendantale, soit originelle, qui n’a pas besoin de l’expérience pour être reconnue. Pour Kant, deux choses emplissent l’âme humaine d’une admiration inépuisable, « le ciel étoilé au dessus de moi et la loi morale en moi ».

 

Car, l’objectif dernier de Kant est de substituer à une métaphysique spéculative, expliquant dogmatiquement l’existence et les évènements qui la frappent, une morale indépendante de tout élément extérieur régie par la raison individuelle seule. Cartésien à sa façon, il pense que le destin de tout homme est de se fixer, indépendamment des influences sociales, sa propre loi morale. Là est sa principale différence avec le courant philosophique des Lumières qui attribue l’origine de toute connaissance au couple, sensibilité-rationalité.
 
Kant analyse, au contraire, qu’un comportement moral ne peut être pleinement légitimé par les beaux sentiments, seulement par la plus pure rationalité.

 

Fichte, la relève de Kant et son “Discours à la nation allemande”

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Photo by Timon Studler on Unsplash

 

Après sa mort en 1804, tous les philosophes allemands se revendiquent de Kant. Et son premier héritier célèbre est Fichte, le grand penseur de l’identité allemande, auteur des célèbres « Discours à la nation allemande » au moment de l’agression napoléonienne.

 

Il veut prolonger, compléter la pensée du maître et cela se traduit, entre autres choses, par sa conception de l’action, parfaitement harmonisée avec une volonté consciente. Pour Fichte, la conscience est aux instincts ce que le tuteur est à la jeune pousse, une manière d’agir droit car ses propres désirs se confondent avec sa raison.
 
A partir de sa conception kantienne de la nature humaine, Fichte, admirateur de la Révolution Française, défend, avec acharnement, les libertés politiques. A rebours d’Emmanuel Macron et de sa lutte contre les séparatismes, il avait bien conscience que l’on ne peut indéfiniment retenir un peuple ou une partie d’un peuple dans un corps politique par la seule contrainte. L’Ecosse et la Catalogne nous en offrent, encore aujourd’hui, de cinglants exemples.

 

La conception allemande de la raison est donc fondamentalement imbriquée dans la conviction de l’originelle dignité humaine promue par Rousseau et les révolutionnaires. Alors, faisons confiance collectivement en nos morales ! Cher lecteur, je te l’accorde, pour ma part, aveuglément. Prends bien soin de toi et je te dis à très vite !