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Photo by Ferdinand Stöhr on Unsplash

 

Big Banguienne, Big Banguien,
Cher lecteur, mon seul bien !
 
Le 4 juillet 1776, les treize colonies britanniques en Amérique du Nord déclarent leur indépendance en tant qu’Etats-Unis d’Amérique. Elles forment la première nation décolonisée de l’Histoire, basée sur la liberté, l’égalité devant la loi, la justice indépendante et la souveraineté populaire, en bref les bases d’une société démocratique. Ces principes sont inscrits, 11 ans après, dans la Constitution devenue livre sacré au point qu’elle s’applique encore aujourd’hui.

Le rêve américain : une utopie

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Photo by Jacob Morrison on Unsplash

 

Fiers de leur modèle politique, les américains se sont créé une représentation d’eux-mêmes centrée sur le caractère exceptionnel de leur projet de société. Ils ont une identité propre issue des origines avec l’idéal de prospérité des colons bénéficiant d’un droit égal à la propriété, accru par l’expansion territoriale. Tout le rêve américain est concentré dans cet équilibre entre l’abondance d’une terre aux milles possibilités et la justice d’une association libre de citoyens égaux. Le fait que cette expansion ait nécessité l’extinction des peuples originels et le dépeçage du Mexique ne suscitant que peu de débats.
 
Tout pousse donc à croire à l’exceptionnalité de la société états-unienne et pourtant… Nul ne peut contester que les Etats-Unis soient les fils de la civilisation européenne d’un point de vue, d’abord, humain avec l’immigration venue du Vieux Continent mais surtout dans les conceptions intellectuelles formant les deux piliers des régimes démocratiques, le libéralisme politique et la souveraineté populaire.

Les Etats-Unis : un socle européen

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Photo by Patrick T’Kindt on Unsplash

 

L’incarnation, à mon sens la plus brillante, de cet idéal politique est le philosophe anglais du XVIIIème siècle, John Locke, théoricien des révolutions anglaises et précurseur des Lumières. Ses idées inspireront, dans le Nouveau Monde, notamment la Société philosophique américaine de l’un des futurs pères-fondateurs, Benjamin Franklin.
 
John Locke a donc posé les bases de la démocratie libérale, la garantie des droits et l’assurance du bien commun par des lois, émanant du peuple. Si la mise en pratique n’est jamais aussi alléchante que les théories, force est de constater que cet idéal politique a convaincu, après les anglais et les américains, bon nombre de peuples. Cette nouvelle donne, Locke la justifie par une nouvelle conception du raisonnement et de la connaissance.
 
Pour le comprendre, revenons à la société du XVIIème siècle, le dogmatisme religieux et l’hérédité y règnent en maîtres, justifiant les théories physiques tout comme le pouvoir des souverains par les lois divines et la légitimité des anciens. A cette conception, Locke oppose l’empirisme issu du raisonnement par induction d’Aristote, déduire d’une expérience particulière une loi universelle.

Locke : empirisme VS doge religieux

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Photo by chris liu on Unsplash

 

Cette contradiction s’illustre dans la controverse entre l’Eglise et Galilée, celui-ci déduit de la pratique expérimentale de nouvelles lois physiques, contraires à l’interprétation catholique des Saintes Ecritures. La proclamation de l’inné de la vérité divine pousse Galilée à se dédire et, surtout, constitue l’exact inverse de la connaissance vue par Locke. Pour lui, elle naît de l’expérience pratique et non de dogmes. La vérité, n’est donc pas absolue mais évolutive en fonction des progrès scientifiques. Le dogmatisme est à la liberté de pensée, ce que Bolloré est aux médias, une source inépuisable de destruction. Toute connaissance étant incertaine, Locke en déduit la nécessité de la liberté de pensée et de croyance, principes absolus du 1er amendement à la Constitution américaine.

 

Séparation entre le divin de la recherche de la connaissance

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Photo by Ousa Chea on Unsplash

 

Locke a donc séparé le divin de la recherche de la connaissance. Et cela concerne la science comme la politique. Une question, alors, se pose : comment rendre l’autorité et la loi légitimes en l’absence de Dieu ? Locke a sa réponse toute logique. Pour qu’elles bénéficient à la société toute entière, les lois doivent être écrites par ce même peuple souverain. De là naît la démocratie, forcément représentative au vue des millions d’habitants états-uniens. Les institutions fédérales et les Etats fédérés ne sont que la face immergée d’un vaste système de gouvernements locaux, 87 000 à l’échelle de tout le pays. La constitution, encore marquée par l’idéal des débuts, favorise l’implication populaire avec le droit de pétition et celui de révocation des élus, l’impeachment.

 

Lien entre les libertés économiques et politiques

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Photo by David Everett Strickler on Unsplash

 

Enfin, Locke lie les libertés politiques à celles économiques. Cette association est, aux Etats-Unis, le cœur de la Déclaration des droits, les dix premiers amendements faits à la Constitution dès 1791. La propriété y est déclarée inviolable car chaque homme, par son travail, en a acquis le droit. La propriété est si fondamentale pour l’Homme qu’elle s’opère même dans l’état de nature. La société, en la protégeant, se fait continuatrice de la Nature. Selon Locke, « La plus grande et la principale fin que se proposent les hommes, lorsqu’ils s’unissent en communauté, c’est de conserver leurs propriétés. ».

 

245 ans après la Déclaration d’Indépendance, les principes de liberté et de démocratie restent, dans le peuple états-unien, aussi vivants que, dans la réalité, peu appliqués voir trahis. En cet anniversaire d’une révolution dont le feu se tarit, la démocratie libérale représentative a plus que jamais besoin que ses idéaux soient véritablement vécus !
Vive le monde libre ! Prends bien soin de toi, mon ami, et je te dis… à très vite !