L’Afrique : panafricanisme et consciencisme
Posté le 23 mai 2021 dans articles tableau de bord par Vincent.
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Big Banguienne, Big Banguien.
Cher lecteur, mon seul bien !
L’Afrique ! Une terre grande comme soixante France ! Riche d’une multitude d’ethnies, de climats, de cultures, de religions, de 1200 langues ! L’on réduit donc cette diversité foisonnante dans… l’Afrique, catégorie aussi puissante symboliquement que déroutante concrètement. Pourquoi, alors, parler de l’Afrique ? Une contrée lointaine, difficilement compréhensible ! Même si toute société étrangère l’est par essence…
L’émancipation de l’Afrique européenne
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Nous, français et européens, partageons avec les peuples africains près de quatre siècles d’histoire. Des premiers comptoirs portugais du XVIème siècle aux décolonisations des années 50 et 60, en passant par les 20 millions d’esclaves de la traite négrière, les africains ont été privés de leur histoire, de leur destin, de leur dignité au sens le plus complet du mot.
Leur priorité a été, donc, dès l’après-guerre, leur libération. Dans ces années 50 et 60, la libération se fait naturellement contre l’impérialisme et les idées qui le sous-tendent. Le capitalisme, notamment, conçu comme produit de la modernité occidentale, est rejeté car étranger aux traditions africaines communalistes.
Le Panafricanisme : être unis pour être libres
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Mais, comment accomplir cette libération dans de jeunes Etats, donc encore faibles ? Par l’unité politique du continent, c’est l’idéal panafricain porté par Kwamé Nkrumah, premier président du Ghana indépendant jusqu’au putsch militaire de 1966. Son destin ressemble à s’y méprendre à celui du vénézuélien Simon Bolivar. Son pays a beau se déliter, il conserve comme nécessité ultime l’unité… d’un continent tout entier.
Le panafricanisme est donc un socialisme et vise une finalité, la fin, par la propriété collective, de la lutte des classes. Entendons-nous sur ce terme ! Pour Marx, le système de production capitaliste est basé sur la distinction entre deux classes : les possesseurs du capital et les salariés louant leur force de travail. La lutte des classes est tout simplement l’inévitable conflit entre patrons et salariés pour la répartition des richesses créées.
Le consciencisme philosophique
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Mais, Kwame Nkrumah introduit, au sein du marxisme « classique », une idée nouvelle, propre aux sociétés africaines, celle du consciencisme.
Il analyse ses sociétés à partir du concept de matérialisme dialectique. Le matérialisme dialectique ! Cette expression barbare désigne en réalité une méthode que tout étudiant expérimente dans ses dissertations : pour faire progresser sa réflexion, il développe l’opposition thèse/antithèse pour la dépasser dans une synthèse.
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Cela est la dialectique de Hegel. Pour Marx, cette contradiction ne marque pas que la pensée mais aussi la société réelle avec le constat de la lutte des classes, entre capitalistes et prolétaires. Ainsi, pour Nkrumah, les sociétés africaines, de même, sont traversées par des tendances contradictoires spécifiques, car culturelles : l’ancestrale tradition d’un côté, la modernité occidentale de l’autre.
La conscience africaine doit donc, par la lutte anti-impérialiste, construire son identité en intégrant le positif de la philosophie occidentale. Une fois cette construction identitaire et culturelle accomplie, alors l’unité politique de l’Afrique au-delà des frontières coloniales artificielles sera possible. Alors la lutte des classes pourra s’approfondir et être dépassée en interne comme vis-à-vis du reste du monde.
Après les humiliations et les divisions, la reconstruction identitaire africaine, comme condition de l’avènement du socialisme, paraît pertinent. Nkrumah adapte le marxisme à l’Afrique. Dans une doctrine où la culture est subordonnée aux structures économiques (dans une société capitaliste, « la culture dominante est celle des classes dominantes »), il lui rend son autonomie pour refonder les sociétés africaines.
Une inspiration pour l’Europe ?
Prends bien soin de toi, mon ami, et je te dis à très vite ! En attendant, tu peux réécouter notre émission sur l’Afrique ici !