La société de la Technique, une thèse en question
Posté le 14 novembre 2020 dans articles tableau de bord par Vincent.
Si la culture est, ce qui nous donne, du sens, la technique, elle, guide nos existences ! Le progrès technique résume l’histoire humaine. Si outils et machines épargnent notre peine, face aux technologies, difficile sera notre résistance !
Nous parlons donc de la technique. Mais, cher auditeur, tu te demandes légitimement quel lien avec le thème du jour, le recyclage. C’est l’obsolescence programmée des objets. On remarque ainsi que la durée de vie des machines réduit avec l’industrialisation de l’Europe et l’émergence de marchés de consommation. Le problème étant que cela aboutit à l’amas de déchets que nous connaissons. Le recyclage en est une correction… mais la technique en est la cause !
La technique, c’est l’habileté, le savoir-faire. A l’origine, elle est la prolongation de la main puis devient sa remplaçante. On distingue ainsi trois âges techniques : l’outil manuel, la machine, l’ingénierie et enfin les nouvelles technologies. La technique existe dès les débuts de l’humanité, elle est donc naturelle chez l’homme. Mais la technique est également un processus culturel en constante progression, lié aux évolutions démographiques et spirituelles de l’humanité. Ainsi, dans « L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme », Weber montre que l’émergence du capitalisme industriel naît de la pensée protestante de l’élection divine des individus par la réussite financière.
Le travail est opposé aux instincts naturels, il est un rapport ingénieux de l’homme à la nature ou à la matière, c’est-à-dire la technique. Descartes, dans le « Discours de la méthode », affirme que la technique est un fruit de l’arbre de la science. Elle nous rend maîtres et possesseurs de la Nature. Au sens de Descartes, la technique n’est pas en opposition à la Nature, ne la dépasse pas de manière inconditionnelle. Les hommes se servent des forces et des lois naturelles pour les mettre au service de leurs besoins. Les lois de la nature, par exemple, commandent aux fleuves de descendre vers les mers, les hommes construisent des barrages utilisant cette force pour répondre à leurs besoins, produire de l’énergie.
Transportons-nous quelques siècles plus tard, dans la seconde moitié du XXème siècle avec le philosophe Ellul. Dans la lignée d’Heidegger, il analyse la technique comme le fait fondamental de nos sociétés. La technique n’y est, pour lui, pas neutre et devient incontrôlable pour des Hommes prolétarisés qui la subissent. La division du travail et la concentration des structures économiques et politiques font que l’Homme ne maîtrise plus sa destinée individuelle et quotidienne ainsi que son avenir collectif. Face à ce désastre, il prône d’imposer une limite à nos capacités techniques et productives pour parvenir à « une cité ascétique pour que l’homme vive ».
Cette société a été imaginée par l’auteur de science-fiction Barjavel dans son roman Ravage. Il imagine une société futuriste où tous les aspects la vie humaine sont contrôlés par les technologies, allant jusqu’à manipuler nos esprits. Mais cette civilisation s’écroule lorsque l’électricité disparaît mystérieusement.
Les survivants à cette catastrophe reviennent alors à une société traditionnelle sans logique technique. Un jour, un membre de la communauté facilite sa peine en inventant une machine. Pour couper à la racine cette pensée techniciste, source de la catastrophe, il est condamné à mort.
Si la technique rend nos vies bien agréables, faisons-en sorte qu’elle ne devienne pas incontrôlable ! Cher lecteur, à très vite !