Autoportrait des autres – « Des femmes » au théâtre
Posté le 6 novembre 2019 dans articles tableau de bord par Auré..
C’est un seul en scène qui n’en est pas un. L’artiste maîtrisant si bien les personnages incarnés, c’est une dizaine de femmes qui investi le plateau . Fernanda Barth, le temps d’une heure, prête sa voix et son corps à d’autres qu’elle. Femme de la préhistoire, prostituée à l’espagnol fleuri, bergère satanique, ado adorant Dalida… Elles n’ont pas d’autre point commun que d’être des femmes qui vivent dans leur propre époque, avec leurs combats et leurs manques. Pas de féminisme ni de larmes, pas d’héroïnes ni de victimes. Des femmes comme les autres, qui existent comme elles peuvent, comme elles veulent. Le spectateur applaudira l’important travail sur la diction et le jeu du corps. De la possession presque. La galerie de personnages permet à la comédienne de varier rapidement les émotions, les langages, d’exploiter toute l’étendue de ses capacités. Si certains portraits sont de véritables tableaux, d’autres ne sont fait que de simples traits, quelques lignes, quelques gestes mais l’artiste les dessine avec la même puissance. De la ferveur biblique de la bergère du moyen-âge à la colère d’une épouse trompée de nos jours, Fernanda se fait caméléon, se glisse avec facilité dans la peau de ses femmes pour les incarner totalement, de la voix aux tripes, du mouvement de la main dans les cheveux à leur regards ; jusqu’à leurs cris.
Le texte est écrit avec finesse et sentiments. Il y a d’ailleurs autant de textes qu’il y a de personnages, chacun ayant ses mots, ses figures de styles, ses verbes et sa verve. Taillé sur mesure, il tombe parfaitement sur les épaules de chaque femme. On entend le moyen âge, ou une idée de ce qu’il peut-être dans les supplications de la bergère. On sens la chaleur de la nuit espagnole dans le racolage de la prostituée. On reconnaît la solitude d’une danseuse de cabaret à sa langue désenchantée.
C’est une leçon du métier de comédien que donne Fernanda Barth: être quelqu’un d’autre.
« Des femmes » Du mercredi au samedi 21h, dimanche 15h. Jusqu’au 10 novembre 2019 au Lavoir Moderne Parisien 18e
https://lavoirmoderneparisien.com/programmations/des-femmes/