Les critiques et marchands de l’époque ne voyaient en lui qu’un raté, un asocial et, pour les plus poétiques, un fou. Vincent fait partie du groupe des artistes maudits, ces génies éclipsés par les préjugés et moqueries des contemporains. Et ce n’est ni Verlaine ni Baudelaire qui me contrediront.

La postérité répare cette injustice par des hommages réguliers, suivis par des foules anonymes, immenses. Pour preuve s’il en faut encore : le succès de la rétrospective organisée aux Ateliers des Lumières. Le peintre y expose ses tableaux les plus célèbres (« Les tournesols », « La nuit étoilée », ses autoportraits… ), rétroprojetés sur les murs de l’ancienne fonderie. Les incontournables de ses peintures, défilant dans l’ordre chronologique, raviront le plus grand nombre. On pourra regretter de ne pas y voir « Les souliers » ou « Le semeur» mais l’artiste étant un hyperactif, un choix – des plus difficiles on imagine – s’impose.

Le spectateur découvrira la maîtrise de l’artiste de styles extrêmement variés : le hollandisme, les estampes japonaises, l’impressionnisme et, plus tard sous l’influence de Gauguin, le synthétisme. 

Le visiteur se retrouve téléporté au cœur des œuvres, tantôt dans la chambre de Vincent, dans la Maison Jaune Arlésienne, puis aux bords du Rhône une nuit d’hiver ou bien encore dans un champ de blés, sous le chant des cigales. On voudrait ne jamais quitter cet univers rêvé où les nuages et les arbres dansent au rythme des coups de pinceau du maître. 

Un seul regret : que la mise en scène ne s’inspire pas davantage de la personnalité de l’artiste. Travaillant dans l’urgence et la fièvre, de manière quasi pulsionnelle, il peignait pour sauver sa vie. Le ton de l’exposition est peut-être un peu trop calme face à un être aussi tourmenté, en constant questionnement sur sa place dans la société et celle de ses toiles. C’est un parti pris, l’exposition se concentrant uniquement sur la production artistique, éludant volontairement la vie privée du peintre. La seule référence à son intimité étant l’insertion de quelques lettres manuscrites destinées à son frère et sa sœur. 

La si belle chanson « Don’t let me be misenderstood » de Nina Simone accompagne les dernières peintures comme pour souligner avec délicatesse les troubles psychiques de l’artiste. Vincent, qui toute sa vie angoissait de ne pas être aussi normal que les autres, était effrayé de ne pas être compris. Dans le ciel étoilé où il repose, qu’il soit rassuré. Non, il n’était pas aussi normal que les autres et Dieu merci.

Van Gogh, La nuit étoilée aux Ateliers des Lumières – 38 Rue Saint-Maur 75011 Paris – Jusqu’au 31 décembre 2019

www.atelier-lumieres.com