Dimanche, Moonlight a décroché le titre du meilleur film lors de la 89ème cérémonie des Oscars, bien qu’éclipsée par l’énorme bourde des organisateurs de la soirée lors de la remise de ce prix.

 

Erreur sur laquelle on ne reviendra tant elle a été commentée le lendemain matin par l’ensemble de la presse. Si vous n’avez pas suivi cette histoire, vous êtes quelqu’un de bien étrange… Le vrai événement de cette soirée, c’est bel et bien cette récompense ô combien méritée pour ce grand film réalisé par Barry Jenkins et scénarisé par Tarell Alvin McCraney : Moonlight.

Traduisez : clair de lune. Et ce film est bien une véritable éclaircie dans l’obscurité ambiante qui règne aux Etats-Unis depuis les émeutes raciales de Charlotte fin 2016 et plus récemment l’investiture de Donald Trump.

 

Car Moonlight ose aborder le mariage des thèmes : homosexualité, misère sociale, recherche d’identité, drogue, violence… le tout dans un environnement afro-americain assumé. Et pour mélanger tout ça il faut avoir de sacrées BALLS. (des couilles en anglais).

La force du film, justement, c’est l’intelligence employée pour aborder ces thèmes sans stéréotype.

 

Et l’histoire ?

C’est l’histoire d’un mec, ou plutôt d’un gamin : Chiron (Alex R Hibbert, Ashton Sanders et Trevante Rodes).

Le film est en fait réalisé en 3 chapitres : L’enfance, l’adolescence et l’age adulte. Un schéma peu original mais maîtrisé avec brio par Barry Jenkins.

Finalement peu importe le contexte, l’histoire de cette œuvre c’est l’histoire de la construction de l’identité d’un homme dès son plus jeune age influencé par le jugement des autres, la violence de son entourage et les erreurs de ses géniteurs.

La bande annonce du film s’ouvre d’ailleurs avec un dialogue que l’on retrouve en toute fin de film.

 

« Tu as vraiment fait ce chemin jusque ici ? » « Ouais ».

 

Un dialogue qui s’apparente à une métaphore sur la vie tant le chemin parcouru par ce type que l’on suit depuis seulement 1 heure et demi nous pète à la figure à ce moment précis.

Tout cela magnifiquement mis en scène dans un univers floridien que l’on ne connaissait pas, loin des clichés bling bling de Miami. La cinématographie est proche de la perfection avec certains plans de caméras subjectifs (à travers les yeux du protagoniste) parfaitement choisis et des plans beaucoup plus gros qui captent des émotions rares, magnifiques. La faute à des acteurs aux talents remarquables et remarqués, puisque Mahershala Ali remporte cette année l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle dans Moonlight (il joue le rôle de Juan, un dealer qui aura un rôle prépondérant dans la construction de l’identité du personnage principal). La musique, elle, est mélancolique et colle à la tendresse du drame que l’on a en face de soi.

 

Vous l’aurez compris, j’ai plutôt apprécié le film. Attention tout de même, le rythme de l’oeuvre ne conviendra pas à tous les spectateurs : c’est un drame (le film, pas le fait que vous ne l’appréciez pas).

Un drame raconté, qui, s’il est bien apprécié, nous ramène à notre propre réalité et soulève inexorablement des questions sur notre identité psychologique. Finalement, c’est un chef-d’œuvre (le film, pas mon identité psychologique).

 

Ronan