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Photo by Kelly Sikkema on Unsplash

 

Big Banguienne, Big Banguien,
Cher lecteur, mon seul bien !
 
Notre sujet du jour paraît, comme souvent, tout à fait banal. En effet, quelle utilité pourrait-il y avoir à parler des gauchers ? Je parle bien entendu en tant que droitier mais est-ce véritablement une identité sérieuse ? Longtemps persécutés, les gauchers sont aujourd’hui parfaitement intégrés et aucune superstition de notre sacro-sainte culture chrétienne n’a perduré dans les esprits. Aucun focus ni aucune logorrhée sur ce sujet ne paraissent suffisamment légitimes pour être mis à l’ordre du jour.
 
A l’occasion de la journée internationale des gauchers contre la stigmatisation et la discrimination qui a lieu tous les 13 août, je te propose, cher lecteur, une petite rétrospection sur cette minorité talentueuse et sur son influence en politique et littérature.

 

Les gauchers : une minorité talentueuse
 
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Photo by NeONBRAND on Unsplash

 

Nous en parlons car ils constituent une minorité. Et, si notre époque, en mal d’idéal, adore mettre en valeur toutes différences, force est de constater la puissance politique de ce simple fait, d’être minoritaire. Et, en cela, le côté de sa main la plus habile a bien plus de sens, plus d’importance, pour un gaucher que pour le risible droitier que je suis. Il faut bien se l’avouer, quand nous avons dans nos entourages un gaucher ou une gauchère, l’originalité de sa personnalité saute plus naturellement aux yeux. En sport, les gauchers sont parmi les athlètes les plus remarqués… Et, dans le monde des intellectuels, on peut en compter un grand nombre, Léonard de Vinci ou encore dans le domaine musical, Kurt Cobain, pour ne citer qu’eux.

 

Minorités et politique
 
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Photo by Priscilla Du Preez on Unsplash

 

Continuons cette réflexion sur les minorités et sur leurs forces politiques. Si, comme le disait Marx, le moteur de l’Histoire est la lutte des classes, les minorités en tout genre en seraient immanquablement le starter. En effet, tous les bouleversements, toutes les grandes révolutions ont été les résultats d’avant-gardes isolées, de minoritaires…
 
Je parlerai donc ici à tous les minoritaires que compte cette Terre. Oui, cher lecteur, toi, le discriminé, toi l’insoumis ou tout simplement celui refusant la marche actuelle du monde, deux choix s’offrent à toi, être résistant de l’intérieur ou partir et fonder une société nouvelle où tu pourras être toi-même. Voilà, le dilemme que pose, sous couvert d’un roman d’amour, l’écrivain Alexandre Jardin dans l’ouvrage « L’île des Gauchers » publié en cette fameuse année politique de 1995.

 

L’île des Gauchers : amour, liberté et utopie
 
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L’amour en péril

 

Scrutons donc notre monde, le capitalisme et le productivisme y règnent rejetant l’amitié et la tendresse au rang de romantisme, quoi qu’important, secondaire pourtant. Ce sombre constat est illustré par un couple plongé au cœur de l’Angleterre des années 30, Lord Jeremy Cigogne et Emily Pendleton. Trop occupés à suivre le rythme trépidant de la vie moderne, ils ne parviennent pas à s’aimer et paraissent comme au bord du gouffre. Et, alors, apparaît l’île des Gauchers, dans les études géographiques de Lord Cigogne, une île dans un archipel du Pacifique Sud, non loin de la Nouvelle Calédonie. Là, s’établit une colonie de gauchers impulsée par leur collègue Auguste Renard en 1885.
 
Leur constat est aussi simple que vertigineux, le monde, celui des droitiers, tourne à l’envers, la frénétique quête de richesse y a emporté sur l’élémentaire recherche du bonheur, et sur son cœur, celui de l’amour entre les hommes et les femmes. La solution tombe sous l’évidence, si le monde des droitiers ne provoque que malheur et frustration, le devoir des gauchers est de prouver qu’une autre société est possible, une qui se posera comme objectif fondamental de cultiver à chaque instant le seul objectif digne de ce nom pour tout être humain, aimer, aimer réellement une femme ou un homme.

 
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Photo by Kelly Sikkema on Unsplash

 

Un désir de liberté et d’égalité

 

L’histoire du fondateur Auguste Renard est, à cet égard, éclairante :

« Renard était né gaucher dans un monde de droitier ; jamais il ne s’était senti à son aise dans cet univers où rien n’était fait pour lui, où tout lui semblait à l’envers, les poignées de porte comme les espérances. (…) lui ne songeait qu’à aimer Hélène, sa femme (…). Son entourage parisien raillait son goût pour le bonheur, se gaussait de ses naïvetés. (…) Il croyait en la beauté d’un amour illimité (…) Il en était venu à penser qu’un monde de gauchers serait peut-être un univers à l’endroit (…) à même de jeter les bases d’une civilisation qui placerait l’amour au centre de l’existence. »

Son projet :

« fonder une colonie où les rapports entre les hommes et les femmes seraient la colonne vertébrale de l’organisation sociale, le souci majeur au regard duquel toute règle collective serait arrêtée (…) un ordre social où l’attention aux choses de l’amour et la recherche de la tendresse se substitueraient à l’agressivité, à l’émulation économique, à l’instinct de possession, mobiles habituels de notre civilisation.­ »

 

Le jour de l’arrivée de Lord Cigogne et Emily Pendleton, les habitants de l’île prennent une décision appliquant pleinement ce principe, la fermeture de la mine de nickel qui, pourtant, leur apportait la prospérité mais les détournait de leur objet amoureux. Tout dans le projet de l’île des Gauchers, donc, respire l’esprit d’exploration des colons du Mayflower à Robinson allié, bien sûr, à l’esprit rebelle et libertaire des communautés anarchistes du début du siècle précédent.

 
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Photo by Mohamed Nohassi on Unsplash

 

Une société utopique

 

Construire une organisation sociale subordonnée à l’impératif des liens amoureux, la réussite des gauchers dans l’accomplissement de cet idéal politique naît de l’affirmation identitaire de ce peuple Ils sont gauchers, fiers de l’être et unis sur ces principes politiques donc à même de les traduire dans la réalité. Ce projet politique, unique sur la planète, a aussi été permis par l’insularité de cette société. Oui, ces gauchers, eux-mêmes à part de la société majoritairement droitière, se retirent sur une île loin des continents pour fonder, comme Thomas More l’avait déjà imaginé, une société nouvelle.
 

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Suivant cette charmante fable, soyons tous gauchers ! Prends bien soin de toi mon ami, si tu souhaites en savoir plus sur les gauchers, je t’invite à écouter notre podcast. Je te dis à très vite !