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Photo by Zeke Tucker on Unsplash

 

Big Banguienne, Big Banguien,

Cher lecteur, mon seul bien !

 

J’écris cette chronique en compagnie d’un de mes chats, elle dort sur un moelleux fauteuil, paisible et confiante. Et là, dans cet instant de tranquillité heureuse, est toute mon incompréhension, en mon âme et conscience, du thème du jour. Moi qui ai tendance à humaniser volontiers les animaux à qui je tiens compagnie, moi qui les considère comme des êtres vivants à mon égal, je concède mon incrédulité, ma stupéfaction face à ces tendances à l’abandon des animaux, si massives dans nos sociétés.

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Ne te méprends pas, cher lecteur, je ne juge en rien ces actes car, comme l’aurait dit le pape sur un tout autre sujet, qui suis-je pour le faire ? Donc, non, je ne te livrerai pas une énième tartinade sur Du Bellay ou Baudelaire dissertant en mots peu communs sur la beauté de leur chat. Pour la simple raison que je l’ai déjà fait ! Toi, cher irrécupérable roman, tu pourras trouver ton bonheur dans les émissions sur le chat, chien et autres intelligences animales.

 

La domesticité animale : quand l’animal devient dépendant de l’Homme

Pour l’heure, faisons un pas de côté et réfléchissons à ce qu’est la domesticité, à ce qu’elle dit des humains, des animaux et de la liberté. Comme souvent lorsqu’il s’agit de bêtes, le recours à La Fontaine s’avère incontournable ! Je m’en vais donc te parler de sa fable, « Le Loup et le Chien », et de son inspirateur, le latin Phèdre.
 
Ces fables proviennent d’une même source, un loup affamé et rachitique s’émerveille de l’embonpoint d’un chien, nourri-logé sans autre frais que l’obéissance à son maître. Le loup est subjugué par la vie d’aisance de son cousin domestiqué, et puis, il remarque une trace à son cou, celle d’un collier, celle de la servitude. Les fabulistes font, alors, chacun à leur manière, par la bouche du loup, une défense de la liberté, une vie difficile mais sans entrave plutôt que l’aisance sous surveillance.

 

La liberté animale : quand le danger rime avec liberté et indépendance

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Photo by Cole Keister on Unsplash

 

Chez Phèdre, le loup fait lui-même la morale : « Jouis donc, mon ami, des douceurs que tu me vantes ; quant à moi, je ne changerais pas ma liberté contre une couronne. ». La Fontaine lui offre également la conclusion : « Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas où vous voulez ? Pas toujours, mais qu’importe ? Il importe si bien, que de tous vos repas je n’en veux aucune sorte, et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. »

 

Tu l’auras compris, ces morales rappellent que l’attachement à la liberté au prix même des pires difficultés, remonte aux temps les plus immémoriaux, bien avant le cri révolutionnaire « La liberté ou la mort ! ».

 

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Photo by Philipp Pilz on Unsplash

 

Si l’on réfléchit au sujet du jour, cette fable me semble avoir une toute autre morale, ces animaux ne se libèrent pas des humains en soi mais des entraves qu’ils peuvent leur imposer. En cela, abandonner des animaux domestiques n’est pas les libérer, ils sont, malgré parfois notre propre volonté, dépendants de nous, qui sommes en contrepartie donc responsables d’eux. Une limite à sa propre liberté n’est acceptée que si elle n’est pas perçue comme une contrainte. Chiens, chats restent par la force de l’intérêt et, rêvons, de l’envie.

 

Le slogan ouvrier « La libération des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ! » s’applique à la situation des animaux domestiques. Vous voulez leur rendre la liberté ? Alors, faîtes comme La Fontaine envers le Loup, laissez-les décider !

 

Je te laisse à tes réflexions, prends bien soin de toi, mon ami, et je te dis, à très vite !