Le Ramadan : spiritualité, purification de l’âme et introspection
Posté le 17 avril 2021 dans articles tableau de bord par Vincent.
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Big Banguienne, Big Banguien,
Cher lecteur, mon seul bien !
Le jeûne apparaît si simple dans ses restrictions.
De la constance de la foi, il est une condition !
Le Ramadan : une pratique spirituelle
Parler du Ramadan, pour un homme n’ayant ni grandi dans la culture musulmane, ni jamais pratiquer ce jeûne mensuel intermittent, est une grande plongée dans l’inconnu. Pour les musulmans, le mois qui vient de commencer sera celui de l’abstinence de boire et de manger du lever au coucher du soleil.
« Toute œuvre du fils d’Adam lui revient sauf le Jeûne car celui-ci est à Moi et c’est Moi qui rétribue par lui ».
Si l’on prend ce hadith au sérieux, hadith qui est la retranscription des paroles du Prophète, on en déduit que le musulman jeûneur ne peut accomplir parfaitement son acte de foi que si il ressent au plus profond de lui-même que cet acte n’appartient qu’à Dieu. Donc, il doit éloigner de lui toute action, tout sentiment lui faisant croire que le Jeûne est à lui. Car, comme le dit un hadith :
« Combien de jeûneurs ne retirent de leur jeûne que faim et soif ».
Et là, nous venons à sa dimension spirituelle avec la pensée du grand iman Abu Hamid Al Ghazali. Surnommé la Preuve de l’islam, directeur de l’université de Bagdad, il est considéré comme le grand penseur spirituel de l’islam du XIIème siècle dans le calendrier chrétien. Dans son œuvre maîtresse La revivification des sciences de la religion, le cinquième de ses chapitres est consacré aux « aspects spirituels du jeûne ».
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Le ramadan : l’un des cinq pilier de l’Islam
Al Ghazali s’y efforce de montrer la force de cette pratique, largement encouragée dans le Coran, dans la vigueur de la foi des musulmans. Il entame sa démarche par une affirmation, le jeûne forme le quart de la foi. Al Ghazali déduit cette formule de deux hadiths : le premier, « Le jeûne est la moitié de la patience », et le second, « La patience est la moitié de la foi ».
Le jeûne est donc un élément essentiel de la foi et ne peut pas se résumer aux seuls aspects extérieurs, soit s’abstenir de l’assouvissement des désirs de la chair. Il est une essence de la foi musulmane, selon lui pour deux raisons. La première est que le jeûne est un acte purement désintéressé d’abstinence, d’abandon à Dieu. Et la seconde est qu’il est essentiellement intérieur, contraire à l’ostentation, à la prétention que peuvent, par ailleurs, encourager d’autres piliers de l’Islam, par exemple le pèlerinage et l’aumône.
Ainsi, Al Ghazali défend le principe que manger nourrit les désirs concupiscents et, donc, de manière égale, promeut les qualités du jeûne à partir du présent hadith :
« En vérité, Satan circule dans le corps du fils d’Adam comme circule le sang : dès lors, amoindrissez son flot par la faim ».
Un autre hadith vient renforcer sa thèse :
« Il n’est pas de récipient plus détesté par Dieu qu’un ventre rempli ».
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Le Ramadan : purification de l’âme et introspection
Pour le théologien, tout musulman, voulant atteindre la pratique du jeûne des plus hautes élites vertueuses, est tenu de respecter certaines attitudes morales. Le musulman vertueux se devrait, ainsi, de préserver sa langue du bavardage, du mensonge et de la polémique, de garder ses yeux de ce qui est blâmable et ses oreilles de la calomnie.
L’autre vertu, prônée par Al Ghazali, consiste à se maîtriser lors de la rupture nocturne du jeûne, avec la modération comme guide absolu de toute gastronomie. Enfin, le philosophe islamique insiste sur la nécessité, pour le musulman, de vivre le mois du Ramadan avec la crainte dans son cœur dans l’attente du jugement de Dieu. A cet égard, l’admirable histoire d’Ahnaf ibn Qays l’illustre parfaitement. On lui a dit : « Tu es très âgé et le jeûne t’affaiblit ! » Il répondit : « Je le considère comme un long voyage. Faire preuve de patience dans l’obéissance due à Dieu m’est plus facile que de devoir supporter Son châtiment ».
Pour résumer sa pensée, Al Ghazali dessine une didactique métaphore : « toute œuvre d’adoration », ici le jeûne, « a un aspect extérieur et un sens intérieur, une écorce et un noyau ». Un hadith explicite l’image, « Celui qui ne s’abstient pas de la tromperie et de la fraude (sens intérieur), Dieu n’a nul besoin qu’il s’abstienne de manger et de boire (aspect extérieur) ». Mais, reprenons l’image d’Al Ghazali, « L’écorce comporte des enveloppes. Chacune de ses enveloppes est constituée de différents degrés ». Il s’adresse finalement à ses lecteurs :
« Tu as donc le choix maintenant de t’en tenir à l’écorce en négligeant le noyau ou de t’élancer vers l’Assemblée des maîtres doués d’intelligence pénétrante ».
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Cher lecteur, tu es maintenant paré pour affronter ce long mois de Ramadan. Musulman ou non d’ailleurs, un jeûne doit pouvoir libérer un tant soit peu l’esprit de l’embouteillage de nos pensées. Prends bien soin de toi, mon ami, et je te dis à très vite !