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Photo by Maxim Hopman on Unsplash

Big Banguienne, Big Banguien !
Cher lecteur, mon seul bien !

Le meurtre a toujours suscité la fascination,
Etant le révélateur des humaines passions.
Les faits divers valent mieux que les romans,
Car, ici point d’invention mais un réel effrayant !
Là est le génie de Gaboriau ! Feuilletoniste à succès,
Il crée le roman judiciaire. Des intrigues alambiquées,
Associées au réalisme d’une écriture documentée !
Les procédures judiciaires, le lecteur y est plongé !
Le policier héroïque cède la place à l’enquêteur.
Plus de luttes épiques mais un brillant observateur !

Voici, le fidèle portrait du personnage crée par l’écrivain Emile Gaboriau, l’inspecteur Lecoq considéré comme l’ancêtre du bien plus célèbre Sherlock Holmes de Conan Doyle.

L’inspecteur Lecoq : entre Poe et Balzac

La géniale invention de Gaboriau n’en fait pourtant pas le créateur originel du roman policier moderne axé sur la figure de l’enquêteur dont le brio tient à la seule association de l’observation et de la déduction. L’écrivain français a puisé l’inspiration de ses intrigues dans les récits d’Edgar Allan Poe. Son détective Auguste Dupin est annonciateur dans ses méthodes et son style de l’inspecteur Lecoq.

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©WordFire Press/Kailey Urbaniak

Les feuilletons littéraire : un avant-goût du succès

Nous sommes, dans les années 1860, à un moment décisif pour la presse, l’alphabétisation conduit à un élargissement de son lectorat. Gaboriau anticipe en ces termes le problème :

« Le temps n’est pas loin où apparaîtra une nouvelle couche de lecteurs pour lesquels il faudra écrire des romans spéciaux, quelque chose comme de l’Alexandre Dumas et du Frédéric Soulié »

– les feuilletonistes de la Monarchie de Juillet, années 1830, 1840.

 

J’ai abondamment parlé, cher auditeur, de feuilletons car telle était la méthode de diffusion, en ces temps-là, des ouvrages des écrivains. Avant leur publication entière, leurs écrits étaient retranscrits en épisodes dans la presse quotidienne. Ainsi, Gaboriau, lui-même, se fait connaître auprès du grand public par des grands feuilletons dans les journaux. Son premier succès éditorial est acquis avec « L’Affaire Lerouge ». La clé de cette réussite est la combinaison du réalisme judiciaire du fait divers et du souffle romanesque. Association née de sa double influence : Poe, pour la rigueur de l’enquête, et Balzac, pour l’intrigue et les personnages intenses.

 

Le Crime d’Orcival : l’œuvre majeure de Gaboriau

Passons, à présent, à son œuvre maîtresse « Le Crime d’Orcival » où l’on retrouve le personnage de l’enquêteur Lecoq. Cet ouvrage est un condensé de son époque. De part, tout d’abord, ses personnages précautionneusement décrits par Gaboriau.

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©Les Editions de Londres

Courtois, un notable provincial chaleureux et ambitieux, son désir de notoriété l’amène à courtiser la fonction de maire d’une petite ville de la banlieue parisienne, Orcival.

 

Il mène le début de l’enquête avec le juge de paix, Plantat dont la connaissance des indiscrétions d’Orcival aidera à la résolution du crime. L’affaire est, avant tout, confié au juge d’instruction Domini, incarnation de la solennité autoritaire propre à sa fonction et source de sa trop grande confiance en ses préjugés. Le monde populaire est représenté par Guespin, horticulteur dilettant, ainsi que par les deux braconniers, La Ripaille et son fils Philippe, découvreur du corps de la victime, la comtesse Berthe de Trémorel. Anciennement institutrice, elle est une belle et généreuse femme, son ascension doit à ses mariages successifs avec le comte de Souvresy et Hector de Trémorel.

 

Les personnages de Gaboriau incarnent les grandes passions humaines. L’amitié et l’amour, d’abord, sont incarnés par Clément Souvresy, sauvant puis relevant son ami de lycée, le comte Hector de Trémorel. Il est, quant à lui, le symbole de la volubilité d’une aristocratie ruinée. Dans « Le Crime d’Orcival », le meurtre est non pas le fruit de la sauvagerie mais le résultat des passions élémentaires, la jalousie haineuse, la rapacité, l’amour naïf, fou.

Prends bien soin de toi, cher lecteur ! Et je te dis, à très vite !