Surconsommation, l’industrie des passions
Posté le 2 avril 2022 dans par Vincent.
Big Bangienne, Big Bangien ! Cher lecteur, mon seul bien…
Nous parlons, en ce jour de folies marchandes, d’une passion de la société moderne, la consommation, à prix cassés, les soldes. Elles concentrent tous les délices et les dangers de notre monde, le règne de l’abondance, de la beauté certes mais aussi de la marchandise et de la frivolité individualiste. Mais, au-delà de cet épiphonène, intéressons nous d’abord à la signification de cet acte, consommer, dans une société industrielle.
La société industrielle : omniprésence de la survie
Hannah Arendt y a réfléchi dans son ouvrage « Condition de l’homme moderne ». Dans notre nature d’homme, la production, soit le travail, et la consommation sont une seule et même pièce. L’homme reproduit sa capacité de production en mangeant ses raviolis en boîte, de même que l’écureuil consomme les glands pour reconstituer sa force d’en chercher de nouveaux. Faire ses courses, est donc un acte naturel mais il est rendu prédominant par la société moderne. Reprenons l’exemple de cet homme, il travaille à la chaîne dans une usine de nourriture en boîte. Pour reconstituer son énergie à produire ces boîtes, il mange ces mêmes boîtes.
Ses journées sont donc envahies par la seule nécessité, mobilisées à « gagner son pain », où est donc dans cette existence l’œuvre, le vrai travail ? Celui qui l’accomplit en reconnaissant ses compétences, ses talents ? Je m’explique : les objets consommables sont interchangeables, que ce soient des pains, des tables Ikea ou des robes Zara. Aucune trace de compétence n’y subsiste, le travailleur n’y est plus qu’une pièce remplaçable. La nécessité l’emporte sur l’ouvrage soigné et c’est bien là le drame… L’homme moderne, enfermé dans son rôle de producteur/consommateur standardisé, cherche un exutoire, dans l’abondance.
La consommation, lieu précieux des passions
La solution ? Travailler relève de la nécessité mais implique aussi du temps libre et c’est les moments les plus importants où il est nécessaire de penser ce que nous faisons. Alors, cher auditeur, lorsque nous tous, nous irons faire nos soldes, faisons-les en conscience ! Et d’abord, effaçons de nos esprits cette image de l’ « homo oeconomicus » rationnel choisissant les produits au meilleur prix et répondant à nos besoins. Pourquoi ?
Premièrement, une analyse empirique de nos comportements de consommation nous le montre cruellement, nous n’achetons pas en fonction d’un raisonnement pur mais selon des passions sociales, le plaisir instantané, le confort, le prestige. Baudrillard l’explique en termes bien plus compliqués, « Le stade achevé de la marchandise est celui où elle s’impose comme code, c’est-à-dire comme lieu géométrique de circulation de modèles, et donc comme medium total d’une culture ».
Adam Smith : l’éthique de l’économie
On l’aura compris, les soldes ne sont pas qu’économiques… Pourtant on ne va pas se le cacher, la perspective de prix alléchants fait le succès de l’évènement. Mais l’économie, non, n’est pas privée d’éthique, et nos réflexions, quant à l’achat des nouvelles Nike, sont forcément impactées par nos connaissances de leur condition de fabrication. Ce paradoxe est ma seconde objection au mythe de l’homo oeconomicus.
Adam Smith est, pour notre malheur, un philosophe méconnu. Ainsi, si «La théorie des sentiments moraux » était lue alors nous verrions que l’adepte de la main invisible harmonisant les égoïsmes économiques teintait cette idée d’un paradoxe. L’entrepreneur, tout comme le consommateur, est tiraillé entre cette volonté d’accomplissement aveugle de ses désirs selon son seul intérêt et puis, un autre sentiment, plus politique celui-là, la sympathie le conduisant à vouloir le bien commun.
Heureuse perspective, n’est-ce pas ? Alors, résumons, la consommation mange le temps libre que nous laisse le travail. Déjà, une première idée serait de consommer moins pour profiter de la vie mais… pas de résolutions inatteignables… Les soldes ne sont pas une condition de notre survie alors faisons-en un acte politique !
Cher lecteur, je ne te souhaite qu’un seul malheur : Adam Smith venant hanter tes rêves d’acheteur ! Malgré tout, prends bien soin de toi, mon ami, et je te dis à très vite !