Big Banguienne, Big Banguien, cher lecteur, mon seul bien.

  Nous parlons, en ce jour gris, terne, du malheur principal et quasi-quotidien de toute conscience : le blues, la déprime. Et, cher lecteur, ils sont, me semble-t-il, inévitables, tant la conscience de vivre est, même subrepticement, associée à la conscience de l’existence du malheur. Pourtant, la philosophie, les religions sont de solides piliers pour remonter la pente et voir, enfin, la lumière au bout du tunnel. C’est ce que propose le plus simplement du monde, Maud Ankaoua dans sa fiction Kilomètre zéro

Kilomètre Zéro de Maud Ankaoua, éditions Eyrolles

Un voyage spirituel pour mieux se retrouver

L’histoire est aussi simple que le titre, allégorie du nouveau départ pris par l’héroïne, et le style efficace de l’auteur sans doute hérité de son passé en start-up. Maëlle, une trentenaire consacrant chacune de ses heures éveillées à la direction de son entreprise, part, contrainte, au Népal pour ramener un livre, question de vie ou de mort, à sa meilleure amie, Romane. Simple en apparence mais le dit livre est, bien sûr, au fin fond de l’Himalaya. S’ensuit une ascension de dix jours à travers les montagnes pendant lesquels son guide, Shanti, se fera maître spirituel lui transmettant son chemin du bonheur, sa méthode pour vraiment vivre sa vie.

 

 

Alors, quelle est cette recette, tant attendue, du bonheur ? Telle que je l’ai interprétée, elle compte trois ingrédients indissociables :

1) Premièrement, la conscience que son bonheur ne dépend que de sa seule volonté, que de son seul état d’esprit façonnant la réalité que nous vivons. 

 

2) Deuxièmement, le bonheur ne se vit qu’au présent, notre projection constante vers l’avenir ne faisant que l’éloigner. 

 

3) Et troisièmement, et pour finir, le bonheur est l’état où la vie que nous menons est conforme à notre être et à notre volonté.

 

Un roman efficace et des heures de réflexions à la clé

Je dois t’avouer, cher lecteur, que les romans de développement personnel, comme celui proposé par Maud Ankaoua, ne sont pas dans mes habitudes de lecture. Que les bons sentiments à outrance de ce livre m’ont fait soupirer bien des fois. Mais, concernant « Kilomètre zéro », si je reste honnête et chasse ces énergies négatives, je dois reconnaître deux grandes qualités à ce roman et son autrice : 

 

1)son habileté narrative à mêler fiction et développement personnel 

 

2)la simplicité pertinente de sa route philosophique et spirituelle vers le bonheur. Car le principal apport de Maud Ankaoua est de nous faire réfléchir sur nos vies, seules conditions : avoir 7 euros 60 et une dizaine d’heures d’attention.

 

L’Asie, berceau spirituel pour les occidentaux

 

Au-delà de mes distances avec le genre, j’ai deux critiques à formuler à l’autrice :

 

1) la première est sur la forme : pourquoi les romans de développement personnel mettent-ils toujours en scène des occidentaux au bout du rouleau en voyage au Népal, à Bali ou autre cité maya ? Les leçons, dispensées par des « maîtres » à l’autre bout du monde, ne sont pas, en plus, d’une bien grande originalité puisqu’on peut les trouver chez des auteurs bien de chez nous, Pascal et ses « Pensées », Epictète et ses « Entretiens », D’Holbach et son « Système de la Nature ».

 

2) la seconde est davantage sur le fond. Le bonheur et la vie décrits par Maud Ankaoua nous font voir d’intéressantes leçons pour nous-mêmes et nos rapports aux autres mais, ce qui m’a stupéfait pendant toute la lecture de l’ouvrage, est l’absence de toute réflexion politique ou même collective de Maëlle. La vision du bonheur commun de Maud Ankaoua est celle d’une multitude de révolutions intérieures, Maëlle a fait la sienne… Mais, qu’en est-il des autres ? Et surtout comment faire que la société et ses institutions facilitent l’accès de tous au bonheur ? Le lien entre le politique et le bonheur n’est pas le sujet du présent roman… Peut-être du suivant ?

 

 

Je te laisse, cher lecteur, en juger pour toi-même et t’encourage à t’offrir cette lecture agréable et enrichissante ! Prends bien soin de toi, mon ami et je te dis à très vite dans Big Bang station !