Harcèlement de rue : le selfie comme arme de dénonciation massive
Posté le 4 octobre 2017 dans articles tableau de bord par Ronan.
A Amsterdam, une loi contre le harcèlement de rue sera en vigueur à partir du 1er Janvier 2018. En attendant, Noa Jansma, jeune étudiante de 20ans s’est faite remarquer sur les réseaux sociaux en dénonçant ses agresseurs : elle les prend en selfie… !
L’idée de photographier ces harceleurs lui est venue alors que deux individus la filmaient et la harcelaient verbalement dans un train. Après avoir longtemps hésité à sauter le pas, Noa Jansma raconte au site Het Parool :
« Quand j’ai demandé à un homme de venir faire une photo avec moi, il a réagi avec enthousiasme. »
Et c’est précisément tout le paradoxe de la démarche, puisque ces hommes n’ont aucune conscience de la bêtise de leurs paroles :
» Ils ne sont pas du tout méfiants parce qu’ils trouvent ce qu’ils font tout à fait normal. »
Aussi, Noa s’est donnée l’objectif de photographier ces harceleurs durant 1 mois. Fin Aout, elle publie un message sur un compte Instagram créé pour l’occasion. Elle publiera son message trois fois, ponctué des Hashtags #dearcatcallers #catcalling #catcallers #feminism
L’idée c’est d’abord d’interpeller une communauté déjà active sur le phénomène du harcèlement et de la lutte pour l’égalité des sexes.
Noa explique en 6 phrases succinctes son objectif :
#dearcatcallers (Cher harceleur), ceci n’est pas un compliment.
Ce compte Instagram à pour objectif d’éveiller les conscience à propos de l’objectification des femmes dans leurs vies quotidiennes
Puisque beaucoup de gens ne connaissent toujours pas la fréquence et le contexte du harcèlement de rue, je leurs montrerai mes harceleurs durant 1 mois.
En faisant un selfie, l’objectifieur et l’objet se retrouve dans la même composante. Moi, tel un objet, me tenant debout face aux harceleurs, représente le pouvoir de puissance inversé qui a été créé par ce projet.
S’il vous plait, rejoignez moi dans ce combat et postez votre propre #dearcatcallers ou envoyez moi un message.
Son message aura une résonance puisqu’à la fin du moi de Septembre, date de la fin de l’expérience, elle aura réuni 19 000 abonné(e)s. Aujourd’hui son compte s’élève à 32 400 « followers », le tout pour 24 selfies pris dans la rue. 24 clichés sur 30 jours d’expérience, un ratio qui met en exergue la fréquence des ses rencontres fortuites et gênantes, d’autant plus que la jeune femme explique qu’elle n’a pas toujours eu l’occasion de se prendre en photos en compagnie de ces décérébrés : soit ils étaient partis, soit elle ne se sentait pas en sécurité.
Dans la majorité des cas, Noa légende sa photo des phrases déclencheuses du dit cliché avec toujours la même expression franchement blasé sur son visage.
Dans le genre pervers en voici 3 exemples :
Le psychopathe suiveur :
Le sociopathe rêveur
L’embrasseur compulsif
Finalement, l’expérience n’aura duré qu’un mois mais comme elle l’explique dans son dernier message, l’idée est de « donner accès au compte à différentes filles dans le monde » et ainsi continuer une lutte qui, en 2017, est loin d’être gagnée.